“J’ai 28 ans, et j’ai un cancer du sein”

Julie a 28 ans. Elle a une petite fille de a 2 ans et demi. Il y a 2 ans, elle a appris qu’elle était atteinte d’un cancer du sein.  Elle nous raconte son histoire sur le blog à la manière d’une « journal-thérapie ». Merci pour ce témoignage.

« Au départ, en septembre 2020, j’ai simplement senti une petite douleur en bas de l’aisselle. Je me préparais pour mener ma fille à la crèche  et je me suis simplement dit que j’en parlerais à ma gynécologue lors de mon rendez-vous pour le contrôle du stérilet.

En octobre, ma gynécologue sent effectivement cette masse, elle est très douloureuse au toucher et elle préfère me faire passer une échographie qui montre une boule. Je fais donc une mammographie,  puis une biopsie, pour vérifier et finalement confirmer qu’il s’agissait bien d’une tumeur cancéreuse. J’avais un cancer du sein à 28 ans. Les statistiques d’avoir un cancer du sein à mon âge sont infimes et pourtant ça m’est tombé dessus.

J’avais le cancer du sein

Mon conjoint était avec moi quand je l’ai appris : on a pleuré ensemble. Nous étions sonnés. Nous sommes allés chercher notre fille. C’était le jour de ses 6 mois.

On l’a annoncé à nos parents, nos amis, à mon patron, puis mes collègues de travail.

J’ai commencé les traitements de chimiothérapie : 6  au total

Avec une toute petite fille c’était vraiment difficile, mais mon conjoint et mes parents s’occupaient d’elle. Je restais 2 jours chez mes parents après chaque traitement. Ma maman s’occupait de moi, faisait à manger, cela me permettait de reprendre des forces.

Mes cheveux sont tombés. Je me suis demandée si je voulais mettre une perruque. Non, un joli foulard me convenait.

C’est difficile d’avoir un cancer quand on est jeune, mais le positif c’est qu’on est quand même assez en forme pour vivre les effets secondaires de la chimiothérapie.

La première chimio, je l’ai trouvée difficile : c’était l’inconnu, je ne savais pas à quoi m’attendre. Je n’aurais jamais pu imaginer pouvoir rester si active. J’avais arrêté de travailler, mais je pouvais gérer ma maison, m’occuper de ma fille, boire des verres avec mes amies.

Même dans le négatif, je tentais de trouver du positif. 

J’avais un bébé. Je n’avais pas le temps de m’apitoyer sur mon sort.

J’ai eu une mastectomie totale du sein droit. Les médecins ont préféré tout enlever pour ne pas prendre de risques. Je me suis sentie en sécurité de me faire enlever la tumeur.

Pendant la chimiothérapie et la radiothérapie, j’étais sûre que j’allais m’en sortir. C’était mon cas, et c’est le « après » que j’ai trouvé plus difficile. Pendant la maladie et les traitements, on se bat pour s’en sortir, mais après il ne reste plus qu’à espérer de pas avoir de récidive.

J’ai consulté une thérapeute

Cela a été ma meilleure décision. Ma psy était neutre et à l’écoute.  Elle savait ce par quoi je passais, les statistiques, le processus, etc. Ce serait mon conseil pour les personnes vivant la même chose que moi : aller consulter. Je la voyais tous les 15 Jours. Je parlais de mon cancer du sein mais aussi de mes doutes, de mon couple, de ma fille, de ma peur de l’avenir…

Petit à petit, j’allais mieux. J’ai donc espacé les séances.  Ces moments restent encore aujourd’hui précieux pour moi.

Aujourd’hui, je suis censée être en rémission. Cependant, je vis dans la peur. Dès que j’ai une douleur quelque part, je me demande toujours si le cancer est en train de revenir.  le temps est mon meilleur allié.

Je continue de consulter

C’est comme mon filet de sécurité.

Je n’ai plus mes règles, j’ai  des bouffées de chaleur : je suis comme une jeune ménopausée. Aujourd’hui, j’aimerais avoir un nouvel enfant. Le processus sera compliqué mais je me projette, je vis!”

 

Pourquoi annule-t-on son rendez-vous au dernier moment?

Une thérapie ne se fait que sur rendez-vous. Les séances sont réservées à l’avance selon le cadre qui a été défini au préalable mais aussi en fonction des contraintes de chacun.

Ce laps de temps n’est pas vain. Il permet au patient de se projeter et au thérapeute de travailler sur le sujet. 

Alors pourquoi parfois le patient n’honore pas ses rendez-vous? Pourquoi  ne prévient-il même pas?

 bien sûr, nous ne parlons pas des empêchements majeurs de dernière minute, qui sont tout à fait imprévisibles. 

1 : les excuses :

Trouver une excuse , un prétexte, évoquer une “surcharge” est le signe d’une demande non mature et d’une habitude de ne pas laisser d’espace entre les événements, une sorte d’angoisse du vide qui nourrit et contribue à la peur et à la souffrance dont nous nous plaignons. Trouver une heure pour soi, pour  se connaître est parfois compliqué à caler dans notre emploi du temps. 

2 : la motivation :

Entreprendre une thérapie nécessite un grand courage. Il s’agit d’un investissement important en terme de temps, de remise en question mais aussi financièrement. Annuler son rendez-vous reflète l’absence de priorité ou de cette non-urgence. La motivation est le point essentiel d’une psychothérapie. Elle mobilise l’énergie et sa capacité de travailler sur soi.

3 : le désaccord :

Parfois en annulant son rendez-vous au dernier moment nous voulons montrer notre colère au praticien. Nous sommes alors dans l’incapacité de se positionner et exprimons notre désaccord face au therapeute. Souvent, cela surgit après une séance compliquée pour le patient.

4 : le paiement :

Une annulation quelques heures avant la consultation ne peut pas être remplacée, les patients en attente n’étant généralement pas disponibles au pied levé. La question se pose alors de faire payer le patient pour son absence. Cela pose aussi la problématique du jugement… quelle excuse ou motivation est recevable?

5 : être mieux :

Les premières séances de thérapie nous ont fait du bien. Nous nous sentons mieux. Nous avons l’impression de ne plus avoir grand chose à raconter. En réalité, notre inconscient se sent en danger car il sait que nos schémas vont évoluer. C’est justement le bon moment pour persévérer et continuer le processus thérapeutique débuté.

Annuler un rendez vous n’est que le reflet du manque de considération dont nous faisons preuve envers nous-même. Par ailleurs il est important d’agir en pleine conscience . C’est à dire ne pas faire vivre l’autre ce que nous n’aimerions pas qu’on nous fasse . Cette réflexion sensible mérite d’être réfléchie et, nous pouvons bien sûr en parler ensemble…