Je suis amoureuse d’un manipulateur

Sophie a 38 ans. Il y a 3 ans elle est tombée amoureuse de son patron : un homme parfait qui s’est révélé être un manipulateur. Aujourd’hui, guérie de son emprise, Sophie tente de se reconstruire. Elle nous raconte son histoire sur le blog à la manière d’une « journal-thérapie ». Merci pour ce témoignage.

« Je suis assistante de direction. C’est très cliché, mais très vite, je suis tombée sous le charme de mon directeur. Et c’était réciproque. Notre histoire a commencé comme un conte de fées : projets d’avenir à deux, voyages… Mais très vite, les choses se sont gâtées. J’ai réalisé qu’il voyait d’autres personnes. Je l’ai même surpris en pleine action avec une autre femme… il passait d’une femme à l’autre, sans aucun remord. Je ne sais toujours pas pourquoi j’ai accepté… il « me retournait le cerveau ». Je voulais le croire… alors, une longue descente aux enfers a commencé… elle a duré 3 ans.

J’ai commencé à souffrir. Il soufflait le chaud et le froid. Il était tantôt adorable, bourré de bonnes attentions, voulait me faire plaisir, puis sans aucune explication il devenait froid, méprisant, méchant.

Comme je ne comprenais pas, je culpabilisais. Je m’en voulais, et je m’excusais. Plus il me sentait faible, plus il me soumettait. Et moi, je perdais toute confiance en moi. Je pensais que s’il n’était plus dans ma vie, je ne vivrais plus. Même, que je ne rencontrerais plus jamais personne.

Devant les autres collègues du bureau, il était charmant, flatteur, semblait à l’écoute et sûr de lui, prêt à rendre service. Tout le monde l’adorait.

Un jour, il est allé trop loin. Il m’ a insulté car je ne l’avais pas assez excité au lit. Il m’a jeté mes affaires à la figure. J’étais humiliée. Je n’ai pas compris ce qu’il m’arrivait. J’ai eu peur. C’était violent, déstabilisant.

Je me suis confiée à ma meilleure amie. Je ne pouvais plus travailler à ses côtés. Alors,  j’ai démissionné. J’ai cru que je pouvais m’en sortir.

Malheureusement je suis a nouveau tombée dans ses griffes.

J’étais sous emprise. J’étais devenue une proie. Et lui s’amusait de ça.

Même, il était excité de me voir souffrir. J’avais maigri de chagrin : il se moquait de mes formes d’enfant. Je ne me maquillais plus. Il me trouvait trop aguichante alors je voulais correspondre à ses attentes . Il me trouvait ridée, n’avait plus envie de me faire l’amour. Par contre , je continuais à lui donner du plaisir . En bon petit soldat, je réalisais ses fantasmes. Il me dictait ses volontés.

Je ne travaillais plus, j’étais au chômage. Retrouver un job, c’était le risque d’être moins disponible.

Alors je restais chez moi. A l’attendre. Notre couple était  une suite de départs, de silences, de réconciliations, un cycle infernal…

J’étais détruite. Mais je l’aimais . Et le pire, c’est que je pensais que lui aussi. Je me disais « il ne sait pas aimer, il m’aime mal »

J’ai voulu me suicider. Pour qu’il soit à mon chevet, me réconforte… Il n’a même pas daigné prendre de mes nouvelles.

Mes parents sont venus me chercher. Ils m’ont hébergé chez eux.  J’etais perdue, je n’avais plus de repères. J’ai changé de numéro de téléphone.

Aujourd’hui, je me reconstruis au quotidien. J’ai beaucoup travaillé sur moi pour comprendre les raisons qui m’ont conduites vers ce genre d’individu. Je suis consciente d’avoir ma part de responsabilité. J’ai perdu confiance mais je crois toujours au bonheur…. »

La relation d’emprise…

Nous pouvons identifier une relation d’emprise par certaines caractéristiques communes. Il s’agit d’une emprise mentale. Le  pervers narcissique met tout en œuvre pour dévaloriser l’autre et lui faire perdre ses repères. Communément, nous appelons ce processus “un lavage de cerveau”.

Le but est  de soumettre l’autre, l’assujettir : la relation d’emprise est alors mise en place. Même si le dominé n’en a pas toujours conscience .

Voici quelques pistes pour identifier si nous sommes sous emprise : 

1 : la modification des comportements :

Le partenaire sous emprise modifie peu à peu ses comportements, ses valeurs, ses modes de pensées. Il est en fait modelé selon les attentes du pervers narcissique qui est à l’origine de l’emprise. Il obéit et respecte les attentes de l’autre de peur de ne plus être aimé. 

2 : la mise à disposition  :

 

L’emprise se caractérise par la mise à disposition de sa vie au profit de l’autre . La victime craint son partenaire. Elle lui obéit, et lui voue un culte. Elle pense cependant qu’elle est dans le vrai et que ses croyances antérieures n’ont plus de valeur.

3 : l’anesthésie affective :

Le pervers anesthésie la liberté de choix, de jugement de la victime . Celle-ci n’a plus conscience de ses compétences, de ses connaissances. 

4 : l’imperméabilité face à l’extérieur :

La victime est imperméable aux conseils extérieurs. Elle n’est plus réceptive face à ses proches. Surtout s’ils tentent de la mettre en garde.

5 : l’impossibilité de se remettre en question : 

La victime pense qu’elle est dans un schéma normal. Elle ne se remet plus en question. Elle n’est pas  en capacité d’être réfléchie et ne se positionne donc pas comme étant sous emprise.

6 : l’absence de  lucidité : 

Il est difficile de prendre  conscience que l’on sacrifie une part importante de soi-même dans la relation. En fait, le pervers narcissique nous dépossède d’une partie de notre identité propre, par ses attentes et projections.

7 : la perte d’énergie :

Nous nous sentons vide , fatigué. Le piège s’est refermé et s’en sortir paraît insurmontable. 

8 : le processus d’émancipation :

La prise de conscience est la base fondamentale de ce processus. Nos proches ne nous reconnaissent plus, nous nous coupons du monde. 

A la lecture de ces lignes , nous pouvons reconnaître  certains modes de fonctionnement passés ou présents, de notre relation. Alors, nous  souhaitons nous reconnecter à nos besoins profonds, trouver  les ressources pour s’extraire de cette situation destructrice. 

Je peux vous accompagner…